Soudan : Manifestations pro-militaires devant le palais présidentiel

Depuis le renversement du président Omar El-Béchir en 2019, des groupes militaires et civils se partagent le pouvoir. Cependant, les tensions se sont accrues depuis qu’une tentative de coup d’État attribuée aux partisans de M. Bashir a été déjouée en septembre.

Depuis lors, les chefs militaires ont demandé des réformes à la coalition des Forces de la liberté et du changement (FFC), une alliance civile qui a dirigé les manifestations anti-Béchir et a constitué un élément clé du gouvernement de transition. Les forces armées ont également appelé au remplacement du cabinet. Toutefois, les dirigeants civils disent que les demandes font partie d’une prise de pouvoir des forces armées.

« A bas le gouvernement de la faim » scandait de nombreux opposants à la transition du Soudan vers la démocratie descendus massivement dans les rues de Khartoum, pour appeler le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées et du Conseil souverain conjoint militaro-civil du Soudan, à déclencher un coup d’État et à prendre le contrôle du pays.

« Nous avons besoin d’un gouvernement militaire, le gouvernement actuel n’a pas réussi à nous apporter justice et égalité », « Il n’y a aucune stabilité et la vie est trop chère » a déclaré à l’AFP un manifestant. « Nous ne voulons pas une dictature. Nous voulons que l’armée reprenne le pouvoir temporairement et le remette à des technocrates neutres, jusqu’aux élections pour respecter la voix du peuple. » 

Contrairement aux précédentes manifestations dans le pays, les manifestants ont été autorisés à atteindre les portes du palais présidentiel et il y avait peu de présence policière.

Des manifestants pro-gouvernementaux ont également convoqué un rassemblement jeudi 21 octobre, en réponse aux manifestations de samedi.

Vendredi, le Premier ministre civil soudanais, Abdallah Hamdok, a dévoilé un plan pour faire face à ce qu’il a appelé la crise politique « pire et la plus dangereuse » du pays dans sa transition de deux ans. « Je ne suis ni neutre ni médiateur dans ce conflit. Ma position claire et ferme est un alignement complet sur la transition démocratique civile », a-t-il déclaré.

Les manifestants ont annoncé samedi soir qu’ils ne quitteraient les abords du palais présidentiel qu’après le changement du gouvernement par des militaires, durcissant le bras de fer qui met en péril la transition post-dictature.